Je suis policier / je suis Charlie

Les projets R&L peuvent attendre, alors que l'actualité non.

Je me suis permis de poster sur dimanche un one shot Je suis Charlie comme un appel au rassemblement.

Sur ce fil je vous invite à réagir. A titre personnel, je suis choqué par ces attaques qui viennent brutalement nous rappeler que notre régime démocratique est une exception / une anomalie historique (comprendre minoritaire en terme de pays et de population dans le monde et dans l’histoire).  Cela ne rend cette liberté que plus précieuse.

Pêle-mêle :

je suis choqué que des gens regardent la vidéo de l’exécution d’un policier à terre et désarmé et proposent de me l’envoyer et qu’il soit nécessaire qu’un refus brutal les rappelle à la décence.

je suis choqué par les réactions que je lis sur des forums de journaux dont le premier en ligne : Le Figaro, où 50% des commentaires publiés (donc non censurés sachant que 50% sont supprimés car trop haineux) appellent à la haine. Qu’ils se rappellent Voltaire ces gens haineux : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. »

notre génération ne fera peut-être jamais la guerre avec une arme, mais là nous pouvons nous battre pour la paix (clin d’œil à une citation de Tyris) et c’est maintenant que commence la première bataille. Rappelez-vous : «  formeeeeeez vos batAIllons ! » . Mais des bataillons de paix, de tolérance de cette fameuse exception française. Cette tragédie est une chance de montrer que le Français, même les pieds dans la merde et à toujours râler il reste fier comme un coq et la tête haute.

Bref, c’est décousu, pas construit mais ça vient du cœur. Une bonne discussion de taverne en fait. Sauf que moi le 11 janvier j’y serai et vous ?

Je suis bien évidemment aussi horrifié par cette espèce d'aberration. Dans le bâtiment des finances publiques où je bosse, une foule dense s'était réunie pour la minute de silence, on était plusieurs à avoir les yeux rouges.

J'en profite pour poster cette découverte en traînant sur la fiche wikipédia de Tignous:

Citation :

Il a également été actif dans le milieu du jeu de rôle, réalisant notamment les illustrations de la première édition (celle de la NEF dirigée par Marc Laperlier) du jeu Rêve de dragon, de la première édition de MEGA, et plusieurs illustrations pour le magazine Casus Belli (dirigé par Didier Guiserix)

Voilà c'est con, et plein d'entre vous sont sûrement au courant, mais ça le rapproche un peu de nous.

Je n'adhère pas au phénomène #JeSuisCharlie, parce que je considère que je ne suis pas Charlie: je n'ai pas risqué ma peau en publiant des caricatures, je n'ai pas défendu la liberté d'expression, je n'ai pas été le poil à gratter des puissants et des religions, et je n'ai pas pris de rafales de MK-47. Mais bon, chacun panse ses plaies comme il peut. Comme dit chouchou, "les enterrements sont faits pour les vivants".

Bon, je ne chercherais pas à fournir d'explication qui ne convaincrons, ou n'intéresserons pas, grand monde, mais non, je n'y serais pas, même si je suis de tout cœur avec ceux qui lutte activement contre toute forme de fanatisme ou d'intolérance.

je ne promets rien. Mais j'essaierai d'être là bas.

Personnellement je suis comme Rémy, je n'ai éprouvé ni l'envie ni le besoin d'aller voir une vidéo d'assassinat réel (pas un film). Par contre, je dirais que c'est à chacun, en son âme et conscience de choisir. Pour nous tous, que nous soyons parents ou non, l'écoute des enfants devra être particulièrement attentive dans les jours qui viennent.

J'ai pensé à ça aujourd'hui, quand j'ai entendu la gestion de la question dans les écoles.
Le 11 septembre 2001 a eu lieu alors que j'étais en 5ème. La réaction de mes parents et de mes profs restera gravé dans ma mémoire, et a largement participé à la vision que je me fais du monde et de l’humanité.

Certains nous appellent la génération 11 septembre. Je pense qu'il y aura une génération Charlie Hebdo. Je suis donc totalement d'accord avec Nonorc.

J'ai été choqué par l'attentat comme tout le monde, et j'en reviens toujours pas qu'un bled comme Damartin-en-Goële ou j'allais a l'ophtalmo étant gosse soit au cœur d'une prise d'otage.

Comme vous le voyez je n'ai pas mit de photo de profil #JeSuisCharlie pour tout un tas de raisons, mais je serai la Dimanche en mémoire des 12 victimes. Et j'espère qu'il n'y en aura pas plus au vu des évènements en cours ...

Mon petit hommage perso, car je pense que le meilleur hommage qu'on puisse faire en ce moment c'est de rire de la connerie :

Tignous et le JdR c'étais ça :




c'est également lui qui dessinait le personnage d'Artighel dans RdD :

Personnellement j'ai bloqué les vidéos qui circulaient sur FB. je n'ai aucune envie de voir ça. je me sentirais bien bas d'avoir pris cette vidéo sans avoir rien fait pour tenter de sauver cet homme. et je me sentirais encore plus misérable de l'avoir posté alors que rien ne permet d'identifier les 2 individus.

Mais à l'heure où le scoop est synonyme d'abonné, de vues, de tweets, certains s'imaginent qu'ils seront glorifiés pour avoir montré cette vidéo..


@Neyrick: je te comprends tout à fait, je pense un peu comme toi et c'est pour cela que sur Fb ou mail je n'ai pas mis le #jesuischarlie, mais je pense qu'au fond ce message ne veut pas simplement dire qu'on est comme Charlie, il veut montrer le soutien et l'union face à ce genre de crime.

après le téléfilm qu'on en a fait ces dernières 48h me laisse perplexe...

Sur la question de l'expliquer aux enfants, je trouve que cette petite planche de bd de Julien Neel décrit avec beaucoup de justesse les évènements récents (cliquez pour agrandir):

Ça me touche de savoir que certains d'entre eux ont participé à des choses qui nous rassemble.

C'est con de dire ça mais Charlie c'était aussi des défenseurs des droits des animaux ce qui pour moi leurs donne une image toute particulière. Ils étaient engagés et ils sont aller au bout de cet engagement.

« Je préfère mourir debout que de vivre à genoux. »

Je retiendrais ça d'eux, parce que pour moi c'était aussi des camarades même si je les connaissais pas personnellement mais qu'on partageait tous un idéal.

Quelques éléments empruntés aux réseaux sociaux que je trouve intéressants:
Le déjà culte:



mais aussi ce texte:
http://dansmonlabo.com/2015/01/08/dans-les-jours-qui-viennent-491/

Dans les jours qui viennent…
8 janvier 2015 Yann Guégan

Dans les jours qui viennent, on va beaucoup parler d’islam. Experts, imams, croyants, athées et impies finiront peut-être par trouver les bons mots, les gestes justes. Ceux qui feront qu’on distingue, enfin, les millions de musulmans qui vivent en France des fous qui s’arment de fusils d’assaut pour affronter des papys assis sur leur chaise.

Dans les jours qui viennent, on va beaucoup parler d’autorité. Les discours politiques seront fermes et déterminés, les plans Vigipirate élevés d’un niveau, de nouvelles lois sécuritaires peut-être votées.

On peine à imaginer ce que monter d’un cran supplémentaire la surveillance et la punition pourrait bien changer à notre sécurité, mais on aspergera le tout de République en danger et on ajoutera une couche de bleu-blanc-rouge. Tout ça en leur nom, eux qui conchiaient tant les drapeaux et les médailles, les monuments aux morts et les caméras de surveillance…

Dans les jours qui viennent, on va beaucoup parler de terrorisme. On remontera les filières, on passera par des banlieues délaissées et des prisons trop pleines. On traquera les recruteurs qui s’agitent sur Facebook, on montera sur des pick-up rouillés devenus automitrailleuses, sous des ciels pleins de drones et de missiles « chirurgicaux ».

Bref, dans les jours qui viennent, c’est ce qui nous divise, nous sépare et nous fait peur qui va concentrer l’attention. Pas ce qui nous fait vivre, aimer, pleurer, travailler, débattre ensemble. Pas ce qui réunit les voisins fâchés, les amis perdus, les familles déchirées, les collègues brouillés ou les amants fatigués.

Et dans les jours qui viennent, le courage, ce ne sera pas de bander ses muscles dans un éditorial ou de frapper du poing sur la table des plateaux de télévision, pour qu’on pourchasse ceux qui ont fait ça et qu’on les punisse.

Ça, oui, il faut le faire, la police et la justice le feront — on est en France, et ces dernières font plus souvent bien leur travail qu’elles ne le font mal, il n’est pas interdit de leur faire confiance. C’est la priorité, mais ce n’est pas l’essentiel.

L’essentiel, ce sera de s’efforcer, chaque jour, chaque heure, à penser plutôt à ce qui nous unit et nous rend, collectivement, plus forts et plus heureux.

Ce sera se souvenir de ce qui nous a poussés, ce mercredi soir, à descendre dans la rue, des larmes plein les yeux, pour ne rien faire, juste pour être là, se compter et se réchauffer l’âme.

De se rappeler ces e-mails, ces textos, ces tweets, ces appels, tous ces petits fils qu’on a tissés entre nous pour vérifier que oui, on est bien là ; qu’on va bien, oui, enfin, on fait aller avec la douleur.

Il va falloir serrer les dents. Ils vont bicher, les Finkielkraut, les Zemmour, les Houellebecq et tous ceux pour qui, au fond, un Français musulman sera toujours un Français musulman, jamais un Français tout court. A coup de on-vous-l’avait-bien-dit, ils vont nous traiter d’angéliques, de bobos irresponsables et d’idiots utiles.

Ils vont bicher aussi, les petits excités de Twitter, ces têtes pleines d’eau qui pensent, ou feignent de penser, que la meilleure façon de lutter contre l’injustice, c’est de mitrailler et de massacrer –là où l’histoire a si souvent prouvé que faire ce choix fait perdre les plus beaux combats.

Mais on refusera d’entrer dans leur jeu, à eux tous. De dresser des camps contre d’autres camps, de demander des comptes à celui qui porte une barbe un peu trop longue, de voir un djihadiste en puissance derrière chaque jeune à capuche.

Et on tiendra bon. Parce que la France qu’ils prophétisent voire qu’ils appellent de leurs vœux, ce pays en guerre contre lui-même ; ce champ de bataille où les communautés s’affrontent chacune depuis leur tranchée ; cette société où, peu à peu, il faudrait s’habituer à attendre de moins en moins de chacun de nous ; cette France-là, nous n’en voulons pas.

Doucement, mais fermement, il faudra se mettre sur leur chemin. Leur dire que défendre la culture française, ce n’est pas en exclure tout ce qui ne date pas de Clovis ou de Jeanne d’Arc.

Leur dire qu’une pensée nuancée n’est pas une pensée faible, que tout compromis est pas une compromission, qu’il est rarement juste de camper sur une idéologie plutôt que d’exercer son droit au pragmatisme.

Leur dire que non, la nation française ne va pas disparaître rongée dans l’acide parce qu’on sert des blancs de dinde halal aux gamins dans les cantines, parce qu’on laisse une mère voilée accompagner une sortie scolaire au musée ou parce qu’on l’autorise à s’asseoir sur les bancs d’une université.

Leur dire que oui, un homme qui se présente aux urgences doit accepter d’être examiné par une femme, ou de voir sa femme examinée par un homme. Parce qu’un médecin est un médecin, et qu’on ne va pas couper un hôpital en deux au nom de préceptes religieux.

C’est à ça que ça sert, la laïcité. Ce n’est pas un totem contre lequel s’arc-bouter dès qu’on croise une crèche, un voile ou une kippa. C’est une solution astucieuse, une ruse de républicains pour qu’on se fréquente plus et qu’on s’apprécie davantage.

A chaque fois qu’un dilemme se présentera, on fera comme ça : on s’écoutera, on prendra une grande respiration et on choisira la solution qui nous permet d’être ensemble, pas celle qui nous sépare un peu plus.

Une nation, c’est une histoire, d’accord. De ce côté-là, en France, on a tout ce qu’il faut, de la grandeur et des heures noires, des salauds et des héros ; la journée de mercredi en a ajouté une couche, pas qu’on en avait besoin, mais voilà, elle est là, il faut faire avec.

Mais une nation c’est aussi un projet, un chemin qu’on a envie de prendre ensemble, en acceptant d’écouter ce que chaque partie a à dire pour espérer, un jour, former un grand tout.

Pour espérer, un jour, sortir de cette nuit glacée.

J'suis pas trop sur les réseaux...
Alors, Merci Rémy

Citation :

A chaque fois qu’un dilemme se présentera, on fera comme ça : on s’écoutera, on prendra une grande respiration et on choisira la solution qui nous permet d’être ensemble, pas celle qui nous sépare un peu plus.

Le texte dans son ensemble est vraiment bon, mais ce passage est a souligner tant c'est ce qui nous manque aujourd'hui, et tant il s'agit la de la base de toute communauté.

Des gens veulent-ils marcher ensemble ici ? Un RDV quelque part ?

Jade, Anne, belle-maman et moi seront à la gare de l'est à 15h (pour éventuellement récupérer d'autres membres de la famille) et c'est à deux pas de République.
@Cyclope, si tu veux je peux venir te chercher chez toi en voiture et après on prendra la train à Esbly. Appelle moi si ça te va.

Je part bientôt de chez moi, je pense qu'on devrait se croiser a la Gare de l'Est. Au final de mon coté ce sera aussi une sortie en famille.

Moi finalement. Ça va être regroupement de collègues.